« De plus en plus de gens se privent de nourriture pour payer leurs factures. »

Avec la hausse des coûts de l’énergie, de plus en plus de personnes se retrouvent en situation de précarité énergétique, sans toujours l’identifier comme telle. A travers le repérage des ménages, et des visites à domicile, l’équipe de l’ALEC Ouest Essonne en lien avec l’équipe de Croix Rouge Insertion – LogisCité vient en aide aux particuliers confrontés à ces situations. Découvrez une interview de Morann Binet, encadrante technique d’insertion à Croix Rouge Insertion LogisCité.

Avec la hausse des coûts de l’énergie, de plus en plus de personnes se retrouvent en situation de précarité énergétique, sans toujours l’identifier comme telle. A travers le repérage des ménages, et des visites à domicile, l’équipe de l’ALEC Ouest Essonne en lien avec l’équipe de Croix Rouge Insertion – LogisCité vient en aide aux particuliers confrontés à ces situations. Découvrez une interview de Morann Binet, encadrante technique d’insertion à Croix Rouge Insertion LogisCité.

Est-ce facile pour les particuliers d’identifier qu’ils sont en situation de précarité énergétique ?

C’est un concept flou pour les particuliers. Toutes les formes de précarité ont un nom. Ce n’est pas évident de se coller une étiquette à soi-même. Quand on leur rend visite, ils expliquent plutôt cela de manière concrète : « je n’arrive plus à payer mes factures ».

Comment agit  LogisCité pour venir en aide à ces particuliers en situation de précarité énergétique ? 

Après un repérage souvent effectué par l’ALEC Ouest Essonne en lien avec les travailleurs sociaux, nous avons une équipe qui réalise des visites à domicile de médiation aux économies d’énergie. Concrètement, il s’agit de faire une visite de diagnostic socio-technique. Le rendez-vous dure 1h ou 1h30 au cours duquel des questions sont posées pour comprendre leur situation sociale et financière. Dans un second temps, on questionne les habitudes de consommation, et on donne des éco-gestes pour les aider à faire des économies. En moyenne les ménages économisent 147 euros par an. Mais notre action ne s’arrête pas là : on les oriente ensuite vers des structures administratives qui peuvent les aider dans ces démarches, et on leur remet du matériel économe.

 » Le rôle des communes est fondamental car ils communiquent auprès de leurs services sur l’existence du dispositif. « 

Pourquoi le rôle des villes et des collectivités est essentiel pour mener à bien ce type d’actions ?

On réalise des visites à domicile dans les communes où les ménages ont été repérés. Cela passe par une communication en direction des travailleurs sociaux sur l’existence de ce dispositif qui est gratuit. Le rôle des communes est donc fondamental car ils communiquent auprès de leurs services sur l’existence du dispositif : on remarque d’ailleurs qu’on intervient souvent sur les mêmes villes.

Les particuliers savent-ils qu’il existe des aides dans ce domaine ?

Non et sur le terrain, on observe un véritable manque d’accès aux droits. Il faudrait expliquer beaucoup plus les droits : le FSE, le FSL, le chèque énergie. Les ménages découvrent souvent ce type d’aides. Les locataires ont peu conscience de la distinction entre les obligations du locataire et celles du bailleur au sujet des réparations et de l’entretien du logement. On oriente beaucoup vers l’ADIL, vers les travailleurs sociaux pour de l’accès aux droits ou des maisons France services.

Notre intervention qui mêle éco-gestes et matériel pour réduire les factures, et aides aux démarches pour débloquer des situations, répond aussi véritablement à ce manque d’accès aux droits.

 » La précarité énergétique plonge les personnes dans une précarité alimentaire. « 

Avec la hausse des coûts de l’énergie, est-ce que vous êtes très sollicités ?

Nous avons une augmentation des demandes de visite, qui fluctue au cours de l’année en fonction des saisons. Mais de toute façon la précarité énergétique est à la croisée de différentes formes de précarité : financière, logement, alimentaire. Ce qui émerge de plus en plus avec les visites : c’est la précarité alimentaire. Les particuliers vont payer leur loyer, les factures et se restreindre au niveau alimentaire. Les services sociaux sont très sollicités. Il y a dans ce cas urgence à agir pour enrayer ce cercle vicieux de la précarité.

Y a-t-il des profils de particuliers qui sont particulièrement confrontés à cette situation ?

Il y a des personnes seules, des familles avec enfants. Contrairement à ce que l’on pense ce ne sont pas toujours des locataires. La dernière fois sur le territoire de Paris-Saclay, nous avons fait une visite auprès d’un usufruitier qui habitait une petite maison peu rénovée depuis les années 50. Nous identifions dans ce cadre l’urgence à agir pour trouver une solution à la personne avant le froid hivernal. Malheureusement, il ne s’agit pas de cas isolés. Il est donc essentiel d’agir rapidement.

Morann Binet

Encadrante technique
d’insertion à la Croix Rouge
Insertion – Logis-Cité.

Sur le territoire de Paris-Saclay, l’ALEC Ouest Essonne est l’opérateur du programme SLIME dans le cadre de Paris-Saclay Rénov’ qui œuvre en faveur du repérage des ménages, le 1er frein dans la lutte contre la précarité énergétique.  Le programme Slime est un dispositif clé pour agir contre la précarité énergétique. Mis en oeuvre par les collectivités locales, il vise à faciliter le repérage et l’accompagnement sur tout le territoire, des ménages confrontés à la précarité énergétique ainsi qu’à d’importantes difficultés financières. Financé par les CEE (Certificats d’économie d’énergie), il est piloté par le CLER-Réseau pour la transition énergétique depuis 2013.


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