La ville des Ulis accueille et coorganise un événement dédié à la lutte contre la précarité énergétique avec l’ALEC Ouest Essonne et l’Agglomération Paris-Saclay à l’occasion de la journée contre la précarité énergétique. Comment la ville lutte-t-elle contre la précarité énergétique ? Interview avec Sarah Jaubert, 1ère adjointe chargée de la Ville résiliente, de l’Aménagement et de la Transition écologique et administratrice de l’ALEC Ouest Essonne.
Quel sens cela a pour la ville des Ulis d’accueillir et de coorganiser un événement autour de la journée contre la précarité énergétique ?
Nous croyons que la transition écologique ne devrait pas exclusivement profiter à ceux qui ont les moyens. Elle devrait être avantageuse pour tous, en particulier pour ceux qui sont financièrement moins favorisés. Le premier bénéfice d’une rénovation énergétique réside dans la réalisation d’économies. En tant que ville engagée dans des luttes sociales et résolue à instaurer l’équité et la solidarité, nous accordons une importance particulière à cet aspect.
Vous semble-t-il important que ce sujet soit mis en avant sur la scène nationale ?
À l’échelle nationale, ce n’est pas un sujet qui est suffisamment investi. Les associations demandent qu’il y ait une rénovation énergétique des bâtiments beaucoup plus ambitieuse. Les gens souffrent des prix de l’énergie. On est très exposés à cela au niveau de la ville des Ulis. On ne peut pas se permettre d’être aussi fragiles par rapport à ces fluctuations du prix de l’énergie. Il faut avoir des logements les plus résilients possibles. Les personnes qui n’ont pas ou peu de moyens financiers sont les premières impactées. Il faut qu’il y ait des mesures politiques fortes, notamment au niveau des copropriétés et des logements sociaux. L’État a un rôle qui devrait être plus important.
12 millions de personnes sont en situation de précarité énergétique au niveau national et les chiffres augmentent. Est-ce une situation que vous constatez au niveau de la ville des Ulis ?
Cette hausse a été un peu moins perceptible au niveau de la ville des Ulis car nous avons un chauffage central dont le mix énergétique provient à 66% d’énergie renouvelable et de récupération. En effet, environ la moitié des besoins de chaleur est assurée par la récupération de la chaleur produite par l’usine d’incinération, et pour le reste, par 2 chaufferies l’une produisant de la chaleur et de l’électricité à partir du gaz, la seconde qui utilise du bois. Cela a permis de tempérer la hausse due au prix du gaz. Par contre, on a constaté des augmentations des provisions de charges dans certaines résidences qui sont abusives car elles ne reflètent pas la hausse réelle des coûts de l’énergie de notre réseau de chauffage. La ville essaie d’agir en demandant des comptes aux bailleurs.
Quelles sont les principales difficultés auxquelles les communes sont confrontées en matière de rénovation énergétique ?
La hausse des coûts de l’énergie a également un impact sur les communes. Certaines se retrouvent confrontées à une augmentation significative des coûts énergétiques entravant leur capacité à investir dans la rénovation énergétique. Cela les empêche également d’entreprendre des projets visant à réduire leurs factures énergétiques. Les investissements massifs requis pour A titre de d’exemple, la rénovation de l’ensemble des groupes scolaires au niveau de la ville des Ulis nécessitent des investissements massifs. Les villes se retrouvent alors obligées de séquencer dans le temps ces projets de rénovation. Au niveau de la ville des Ulis, on a mis en place un plan de sobriété énergétique : on a réussi à limiter nos augmentations de charge. Mais nous déplorons que les situations soient si différenciées d’une ville à l’autre et ne permettent pas d’agir globalement contre la précarité énergétique.
Sur le territoire de Paris-Saclay, l’ALEC Ouest Essonne est l’opérateur du programme SLIME dans le cadre de Paris-Saclay Rénov’ qui œuvre en faveur du repérage des ménages, le 1er frein dans la lutte contre la précarité énergétique. Le programme Slime est un dispositif clé pour agir contre la précarité énergétique. Mis en oeuvre par les collectivités locales, il vise à faciliter le repérage et l’accompagnement sur tout le territoire, des ménages confrontés à la précarité énergétique ainsi qu’à d’importantes difficultés financières. Financé par les CEE (Certificats d’économie d’énergie), il est piloté par le CLER-Réseau pour la transition énergétique depuis 2013.